Expériences, tome 1,

Expériences, tome 1,

Chapitre 11 ~~ Wonderwall

Hello ! Voici le chapitre 11 d'Expériences ! :D À présent, Minuitensanglanté corrige mes textes, donc Expériences est écrit à deux ^^ Ce n'est pas très long, mais promis, dans le prochain chapitre, il y aura une grosse révélation ! :D

Chapitre 11 ~ Wonderwall




Vendredi

Cara

L'état de Carla ne s'est pas beaucoup amélioré. Elle est maussade, elle ne parle presque plus... Pire qu'avant, je veux dire.

Finalement l'idée d'Eva n'est pas si mauvaise, de toute façon Mme Li finira par nous tuer avec ses expériences. Il suffit qu'une seule d'entre elles soit ratée pour que l'un d'entre nous disparaisse....comme dans un mauvais rêve.

Je me lève de mon lit où je m'étais allongée pour me "reposer", il était cependant impossible de le faire ne serait-ce que quelques minutes en ces circonstances... Je jette un coup d'œil à ma sœur jumelle, qui dort "paisiblement". Même quand elle dort on dirait qu'elle a peur. Elle fait sûrement un cauchemar...

Allick est déjà levé. Je sors et je le rejoins dans la cour, il est avec Eva. Je leurs lance un petit " Salut" en baillant. Heureusement que j'ai mis mon gros pull, il commence à faire froid en plus de ça. J'embrasse Allick et je m'assois sur le banc, avec eux.

Eva me regarde avec insistance.

— Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit mercredi ?

Je hoche la tête.

— Oui. C'est pas une si mauvaise idée... De toutes façons, Mme Li risque de nous tuer à tout moment. Alors pourquoi pas ?

Je vois un sourire se former sur ses lèvres. Elle déteste vraiment Mme Li - nous aussi, heureusement, mais elle plus encore - et elle veut absolument lui faire payer.

— Il faudra être discrets..., commence-t-elle.
— Très discrets., ajoute Al.
— Et nombreux finis-je 

Nous nous sourions d'un air complice. Décidément, même si je les connais à peine, je les adore

— Bon. Et sinon, on fait comment pour être plus nombreux ? dit Allick.

Nous restons toutes les deux silencieuses. Allick soupire en souriant.

— Je m'en doutais. Je m'occupe de ramener du monde, okay ?
— Pas de problème, dit Eva.

Je me contente de hocher la tête. Je me méfie de cette histoire de rébellion tout de même. Il faudra vraiment être très prudents. Mme Li fait déjà des monstruosités, je me demande de quoi elle est capable quand elle est en colère...

Une main passe devant mon champ de vision.

— Cara, tu m'écoutes ? dit Eva.
— Pardon ?

Je me tourne vers elle et je m'aperçois qu'Allick est parti. Oups.

— Je te demandais si tu savais comment on allait s'organiser.

Je hausse les épaules.

— Par petits papiers ?

Elle hausse les sourcils.

— Pardon ?
— Ce serait trop risqué de se réunir, si on est nombreux. Il vaudrait mieux communiquer par papiers qu'on jetterait aux toilettes après.
— Ce serait encore plus risqué. Imagine que quelqu'un perde un papier et que Mme Li ou un de ses sbires le retrouve.

J’acquiesce. Oui, son argument se tient.

— Par le bouche-à-oreille, alors ? On fait une sorte de chaîne et chacun doit le dire à quelqu'un.

Cette fois, elle sourit.

— Oui ! Tu vois que tu peux avoir de bonnes idées parfois !

Je lui fais un petit sourire moqueur.

— Et on est censé faire quoi ?
— S'évader.
— Oui, mais comment ?
— Justement, c'est ce qu'on va voir. Tous ceux qui auront le cran de participer et de chercher avec nous auront une chance de s'enfuir...
— Mais c'est pas un peu injuste pour les autres ?
— Ils seront bien libérés un jour.
— C'est pas très positif comme façon de penser.
— Je sais. Mais est-ce qu'on a le choix ?

J'hésite quelques secondes.

— Ouais, t'as raison. On ne peut pas sauver tout le monde...



Allick

Je suis au premier étage des chambres, dans l'espèce de salle commune, remplie de canapés. J'observe tout le monde autour de moi. Un groupe de filles discute dans un coin de la pièce. Elles regardent sans arrêt autour d'elles. Elles ont peur.

Plus loin, deux types parlent. Eux, ils cachent déjà mieux leur peur. En fait je n'ai même pas l'impression qu'ils aient peur.

Juste à ma droite, une fille est seule. Je la reconnais, elle a également subi une expérience. Elle est terrifiée, elle a le même regard que Carla. Je me lève et je m'assois à côté d'elle.

— Elle t'a fait quoi ?
— Qui ça ?

Je vois bien qu'elle sait très bien de qui je parle.

— La dirlo. Elle t'a fait quoi ?

Je me rends compte de l'absurdité de mes paroles. La dirlo ? À ma connaissance, Mme Li n'est aucunement directrice. Juste scientifique...

— À ton avis ?

J'acquiesce.

— C'était juste une façon de vérifier qu'elle t'a fait quelque chose. Tu sais... Il te suffit de nous rejoindre.

Je la regarde avec insistance. "Faites qu'elle comprenne..." pensé-je, adressant mes paroles à n'importe quelle divinité qui pourrait m'entendre de là-haut. La façon dont elle me regarde me confirme qu'elle n'a pas compris.

— Rejoindre quoi ?
— À ton avis ?

À mon tour de la jouer aux devinettes. Elle fronce les sourcils puis son visage s'illumine. Elle prend un stylo et marque sur sa main : RÉSISTANCE? Je hoche la tête. Elle dit alors :

— Je m'appelle Sony. Chambre 36.
— Allick. Chambre 117.

Je souris et je me lève, puis je monte jusqu'à notre chambre. Nous sommes déjà quatre, c'est... Un début.

Carla est dans la chambre, assise sur son lit. Elle dessine. Je m'assois à côté d'elle.

— Hey.

Elle ne répond pas, continuant de dessiner, mais elle baisse légèrement la tête signe qu'elle m'a entendu. Je jette un coup d'œil à son dessin. C'est un poignard. Quoi de plus déprimant ?

— Avec Cara et Eva, on a parlé de...

Je baisse le son de ma voix.

— Résistance. Rébellion si tu préfères.

Elle arrête de dessiner et me regarde dans les yeux avant de détourner le regard. Même quand je lui annonce qu'on va se rebeller, elle reste silencieuse.

— Tu acceptes d'en faire parti ?

À ce moment, Kathleen et Manaël entrent. Carla hoche tout de même la tête. Nous sommes cinq. C'est déjà ça.

— Faire parti de quoi ? dit Kathleen, curieuse.

Je lui fais signe de fermer la porte, ce qu'elle fait.

— Rébellion.

Ce simple mot les fait sourire tous les deux. Je hausse un sourcil, leur demandant leur avis silencieusement. Manaël hoche lentement la tête. Tant mieux. Ce gamin est une vraie tête, ça nous aidera à avancer. Kathleen, elle, dit :

— Pas de problème pour moi.
— N'en parlez à personne, leur dis-je à tous les trois.

Ils hochent tous la tête, même Carla. Je vais m'allonger sur mon lit tandis que Kathleen essaie d'arracher quelques mots à Carla, en vain, et que Manaël réfléchit, pour changer.

Cara entre dans la pièce et vient s’asseoir devant moi. Je souris quand elle me prend la main. Je lui murmure :

— Pour l'instant, on est sept.

Dans certaines cultures, sept est un chiffre porte-bonheur. Espérons que ce sera un bon début pour nous...



Carla

Kathleen me pose plein de questions, sur comment je vais, ce que j'ai fait aujourd'hui. Je ne réponds que vaguement. Finalement, devinant que la conversation deviendrait inexistante si elle me laissait parler, elle se lance dans un monologue. Elle me raconte son histoire avec un gars, qui avait duré deux mois.

Elle se fait du mal elle-même, alors au bout de dix minutes, je pose ma feuille, sur laquelle j'étais en train de dessiner, et je dis d'une toute petite voix.

— Je sors.

Cara me lance un regard inquiet, mais je lui fais un demi-sourire. Elle parait s'en contenter, alors je sors déambuler dans les couloirs. Je vois quelqu'un faire les cents pas dans la cour par la fenêtre - sûrement un garde.

Je ne peux m'empêcher de regarder plus attentivement, me rapprochant jusqu'à être juste à côté de la fenêtre. Ce n'est pas un simple garde. C'est Zack. Je vois sa tignasse brune d'où je suis, un lampadaire éclaire son visage. Même étant au troisième étage, je ne peux que le reconnaître.

J'aurai envie de descendre pour aller le voir. Même pas en rêve, Carla. Il t'a trahie. Non, il vous a trahis. Je me durcis à se souvenir mais je ne peux détacher mon regard de sa démarche aléatoire. Le visage de l'autre garde, celui qui m'a... Fait du mal, l'autre soir, m'effleure l'esprit, mais je l'en chasse vivement. Non. Ne pas y penser.

Je reste pendant dix longues minutes à le regarder. J'ai l'impression que le temps s'est épaissi, coulant dans un sablier telles des gouttes d'huile.

Au bout des dix minutes, il part, se faisant relayer. Je ne prends même pas le temps de voir qui l'a remplacé, je me détourne et je retourne dans la chambre.

Cara me sourit. Elle a l'air soulagée que je rentre. Je lui rends un demi-sourire et je m'allonge sur mon lit. Zack. Pourquoi a-t-il fait ça ? J'ai du mal à me l'expliquer. Peut-être qu'il a été forcé... Sûrement même. Du moins, je l'espère. Je ne le connais pas assez pour juger...


28/10/2014
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Chapitre 10 ~ Talkin' Bout Revolution

Chapitre 10 ~Talkin' Bout Revolution

 

Eva

 

  Madame Li m'a laissée partir. Je n'ai toujours pas regagné ma chambre, où on me poserai des questions. En fait, je suis devant la porte de notre chambre.

 

  Je n'ai toujours pas digéré la "trahison" de Zack. Enfoiré. Et je ne suis pas la seule: personne ne s'en est remis. Sauf, peut-être, Carla, ce qui m'a étonnée.Au contraire, elle semble aller mieux. Après tout, elle n'avais quasiment jamais parlé à Zack, même si ce dernier lui lançait des petits regards en coin, et semblait s'intéresser à elle.

 

  Je finis par entrer dans la chambre en soupirant. Adams se redresse brusquement.

 

  — Eva ! Allick nous a dit que tu avais essayé de t'enfuir, on avait plus de nouvelles ! Comment tu te sens ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

 

  Je m'écroule dans mon lit avec un soupir de soulagement.

 

  — Elle a testé un de ces infâmes produits sur moi... On en parle demain ? Je suis morte là...

 

  J'ai à peine fini ma phrase que je m'endors déjà.

 

  Je me lève avec un mal de crâne horrible... J'aurai bien besoin d'un doliprane, mais j'ai beau avoir demandé à tous ceux que je croise, personne n'en a. 

 

  Je rejoins Cara dans la chambre 117.

 

  — Salut, dis-je.

  — Salut, répond-elle. Comment tu vas ? Je veux dire... Après hier ? Je sais très bien ce que Madame Li t'a fait, alors... 

 

  Je souris.

 

  — Ça va, je gère. Et toi ? Comment va Carla ?

 

  Elle soupire.

 

  — Bizarrement, elle a l'air d'aller mieux. 

  — Je l'ai remarqué aussi. Elle n'a pas l'être très affectée par le retournement de Zack. Peut-être qu'elle s'en doutait, après tout...

  — C'est même certain. Elle a toujours été très intelligente, elle analyse tout tout le temps.

 

  Je me lève et nous sortons de la chambre pour nous diriger vers le réfectoire. Mme Li ne mange plus avec nous depuis son "annonce". Elle doit être en train de martyriser la pauvre Abby...

 

  Cara et Allick se joignent à moi. J'ai un peu réfléchi, et je leur dit :

 

  — On doit se rebeller. Monter une résistance. Madame Li ne pourra pas nous résister si on est trop nombreux...

 

  Cara regarde autour d'elle et dit : 

 

  — Ce serait trop dangereux. On ne doit pas prendre de risques.

 

  Je lui prends le bras.

 

  — Alors notre liberté ne vaut pas la peine de prendre des risques ?

  — Je n'ai pas dit ça. Juste... Beaucoup mourront, et je ne veux pas de ça.

 

  Je soupire et je me résigne. Même si je suis sûre que, un jour, une résistance sera levée, et que nous pourrons partir loin d'ici, recommencer une vie normale. Une vie normale... Ça me semble quasiment impossible.

  

 

 

Zack

 

 Je me réveille lentement. Je suis allongé dans un fauteuil, dans la salle de repos. Est-ce que Madame Li m'a fait quelque chose ? Je le saurais bientôt... Elle est assise sur une chaise à côté de moi, les jambes croisées.

 

  — Zack.

  — Madame.

  — Ne t'en fais pas, je ne t'ai rien fait. Je voudrai juste savoir pourquoi tu as fait ça.

 

  Je me crispe.

 

  — Parce que Carla est mon amie, et que ce que vous avez fait est ignoble.

 

  Elle ne répond pas, elle se contente de noter quelque chose sur son carnet, qu'elle ne quitre pas. Je sens une rage sourde m'envahir.

 

  — Mais répondez-moi ! Dites quelque chose !

 

  Elle se contente de hausser un sourcil en écrivant encore quelque chose. Puis elle se lève.

 

  — Tu peux rejoindre ta chambre. Ne t'avise plus de recommencer, où tu en paieras les frais. 

 

  Elle sort de la pièce. Toujours furieux, je me lève et je donne un coup de poing dans le mur. Et merde ! Je me dirige vers ma chambre et j'entre. La porte se ferme derrière moi, et je n'ai que le temps d'apercevoir Mme Li. J'essaie de rouvrir la porte mais elle est fermée à clé. Je donne un coup de pied faveur dedans et je m'assois sur mon lit.

  

  C'est étrange qu'elle ne m'ait rien fait, mais elle peut toujours mentir. Je me lève et je regarde par la fenêtre. Je vois alors Carla passer, lentement, les yeux un peu dans le vide. Je repense à ce qu'elle a subi. J'aimerai pouvoir lui dire que tout va bien, que j'ai réglé son compte à ce connard.

 

 

 

Manaël

 

  Je suis assis sur mon lit, Kathleen lit un livre en face de moi.

 

  — Comment tu fais ? je demande.

  — Comment je fais quoi ?

  — Pour être aussi calme. Tu arrives même à lire...

 

  Elle sourit.

 

  — J'essaie de lire, sans y arriver vraiment. Je suis aussi angoissée que toi ou que les autres, si ce n'est plus.

  

  Elle se tait quelques secondes, pensive, puis elle ajoute :

 

  — À ton avis, pourquoi elle fait ça ?

  — Qui, Mme Li ?

  — Oui.

  — Certainement pour faire avancée la science. Elle s'imagine que c'est un projet qui mériterait d'être applaudi, un projet digne d'un grand scientifique... Et il faut avouer que ce qu'elle a fait est extraordinaire.

 

  Elle me regarde avec de grands yeux.

 

  — Non, dis-je avant qu'elle ne parle, je ne suis pas de son côté. Mais il faut bien l'avouer, ce n'est pas courant de réussir à refermer les blessures de quelqu'un comme ça ou de créer un lien à sous si fort entre des jumelles.

 

  Elle hoche la tête.

 

  — Oui, tu as raison. Mme Li ne doit pas être toute seule dans sa tête...

 

  Je ris. Elle se lève et m'ébouriffe les cheveux, puis sort. Je m'allonge sur le lit, perdu dans mes pensées. Mme Li... J'essaie de la comprendre, de comprendre comment elle peut ne rien ressentir en séquestrant des enfants et en s'en servant de cobayes, mais... Je n'y arrive tout simplement pas.


11/10/2014
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Le Trailer !

 


25/08/2014
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Une petite photo, qu'en pensez-vous ?

Bonjour ! J'ai déniché une petite photo, qui correspond parfaitement à Mme Li, M. Lewis et un autre professeur à droite. Qu'en pensez-vous ?

 

Screenshot_2014-08-22-19-05-36.png


24/08/2014
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Chapitre 9 ~ Enjoy The Silence

Chapitre 9 ~ Enjoy The Silence

 

Mardi

 

Madame Li

 

  Madame Li progresse rapidement vers la Salle B, où est restée Abby durant la nuit. Inutile de préciser que cette dernière n'a pas fermé l'œil de la nuit... 

  Le produit N°1, légèrement amélioré, a parfaitement marché sur Abby. Il ne reste plus qu'à tester sa résistance au somnifère...

  Abby ne lui est plus utile, voilà pourquoi Madame Li tente le somnifère sur elle. La jeune fille étant anorexique, elle est trop faible et fragile. Alors, il n'y aura aucune conséquence, étant donné que les deux enfants vivaient en orphelinat. Ils étaient si insupportables que leur directrice les a congédiés ici pour s'en débarrasser... Sale histoire. Pauvres gosses. Avec un petit peu de chance, Abby rejoindra son frère dans l'au-delà... Si au-delà il y a, bien sûr.

  Madame Li n'a rien dit à Lola, qu'elle considère déjà comme assistante. Elle préfère ne pas l'impliquer dans ce meurtre... Dans ce deuxième meurtre. Parce que, oui, c'est un meurtre. Madame Li est quasiment sûre qu'Abby décèdera dans moins d'une heure, ou que sa santé mentale sera gravement touchée. La mort de Nathan l'avait déjà profondément touchée, mise en colère, mais elle s'est attachée, plus ou moins, à Abby et à son éternel mutisme. Ses yeux bleu électrique emplis de tristesse, ses cheveux bleus. En fait, si Madame Li l'avait appréciée, c'est surtout parce qu'Abby lui ressemblait. 

  C'est dur à y croire, certes, mais Madame Li avait été, autrefois, une véritable adolescente rebelle. Elle aussi avait un look gothique - bien qu'Abby aie un look emo, pas au point d'être gothique.

  La cruelle directrice entre dans la Salle B, qu'elle avait presque réservée à Abby, tant cette dernière subissait d'expériences. Madame Li avait de nombreuses fois testé les prototypes du produit N°1. Abby avait eu de la fièvre, était tombée malade un grand nombre de fois. Et elle s'affaiblissait...

  La jeune fille lève soin regard bleu sur Madame Li et lui lance un regard assassin. La concernée fut surprise, bien qu'elle ne le montre pas. D'habitude, Abby levait vers elle un regard blasé, amorphe, mais assassin ? Jamais. Alors, Madame Li se remémore que sa première victime, Nathan, est - était - son frère.

  — Bonjour, Abby.

  Pour la première fois, la jeune fille perçoit de la tristesse dans la voix de Madame Li. Son sang ne fait qu'un tour.

  — Quand est-ce que je pourrai rentrer dans la salle de repos ? Avoir un lit ? Et dormir ?

  Depuis longtemps, Abby  avait opté pour ce ton méprisant avec la directrice. Elle ne mérite pas mieux...

  — Je ne sais pas.

  À ces mots, Abby se raidit encore plus. Mme Li est-elle sûre à ce point qu'elle ne vivra peut-être plus quand la directrice repassera par la porte blanche ? Abby allait certainement mourir. Elle en était convaincue.

  D'habitude, Mme Li était sûre d'elle, et ce à toutes épreuves, même quand Abby lui avait jeté un flot d'injures à la figure.

  — Je vais t'injecter un somnifère très puissant. Je vais être honnête avec toi. Tu n'y survivra certainement pas.

  À sa grande surprise, Abby ne réagit pas. Elle se contente de la regarder d'un œil éteint. Elle s'était préparée à mourir. Cette jeune fille de dix-sept ans était prête à mourir...

  Mme Li, un pincement au cœur, injecte le somnifère dans la jugulaire d'Abby. Pendant cinq ou six secondes, il ne se passe rien. Puis les paupières d'Abby se firent lourdes, de plus en plus lourdes.

  Elle respirait. Elle respirait ! Mais elle ne s'est pas réveillée. Toute la journée, Mme Li, pleine de remords, a essayé de la réveiller, mais rien.

  Nathan Cooper est mort, Abby Cooper est dans le coma.

 

***

 

Eva

 

   Je vais devenir folle. Je n'en peux plus de rester dans ce lycée de malheur. Ça fait dix minutes que je fais les cent pas, dans ma chambre. Je sais pertinemment que cela agace Devis, Wade et Ryan, et je ne me gêne pas. 

  Sans prévenir, une sorte de folie guidant mes faits et gestes, je sors en trombe de la chambre, courant et dévalant les escaliers à toute allure. Je n'ai presque pas conscience de ce que je fais. Enfin, si. Je fais ce dont j'ai toujours rêvé.

  Je sors de cet endroit de malheur.

  Mais comment ? Arrivée au pied du mur, j'hésite. Prenant de l'élan, j'aggrippe le sommet du mur de mes mains. Je vais y arriver ? Je vais y arriver ! Mais une voix masculine crie mon nom : 

  — Eva ! Non !

  Je reconnais la voix d'Allick. Voudrait-il me retenir ? Est-il comme Zack, une p*tain de taupe ? Non, il veut me sauver. C'est ce que je réalise quand une main ferme saisit mon épaule, me faisant lourdement retomber par terre. C'est aussi à ce moment que je prends conscience de mon acte. C'est comme une crise de folie. Encore une... Depuis toute petite, je suis victime de "crises". Souvent, la fureur ou l'angoisse me domine, et je ne suis plus moi-même. Je suis submergée, le trop-plein d'émotions s'échappe. C'est pour cette raison que j'ai brûlé la voiture de mon ex, cet enfoiré m'avait trompée avec une Bilbo, blonde à forte poitrine. Et bête comme ses pieds qui plus est.

  Je ne relève pas les yeux vers le garde qui m'a prise la main dans le sac. L'angoisse me tord les tripes, au point que je pourrai faire une autre connerie. Mais je me contrôle... Pour l'instant. Agir sous une impulsion n'est jamais bon.

  Nous nous dirigeons vers le bâtiment des expériences. Non pitié, pas ça pas ça... à croire que personne n'a écouté ma prière muette. Mon angoisse grandit, grandit encore au creux de mon ventre.

  Durant ces deux semaines, je n'avais pu qu'à percevoir le hall imaculé. C'est... Hideux. Tout ce blanc donne envie de vomir. À gauche se profile un long couloir blanc, je devine facilement que les expériences scientifiques se déroulent par-là. Mais apparemment, ce n'est pas ce qui m'attend, puisque le garde me traine dans l'escalier, tout aussi blanc et à l'allure stérilisé que le reste.

  Merci mon Dieu merci...

  À l'étage, le décor est complètement différent. Il n'y a plus une seule teinte de blanc, c'est... Radical. Nous longeons le couloir aux murs de bois, plutôt rapidement. L'atmosfère est moins morbide, mais elle n'en est pas moins pesante. 

  Le garde s'arrête devant une porte ouverte.

  Le bureau de Mme Li. Autant dire tout de suite que je suis finie.

  — Abby, dit-elle de sa voix autoritaire. Je pensais que tu étais plus intelligente et que tu ne te laisserais pas avoir. Mais peut-être t'ai-je surestimée.

  Elle pense ça ? Parfait. Je vais la laisser croire que je suis une imbécile.

  — Qu'est-ce que vous allez me faire ? je dis en prenant une voix tremblotante. 

  — Suis-moi.

  Tandis qu'elle sort du bureau, je m'exécute. Nous descendons l'escalier et elle me conduit dans le couloir imaculé que j'avais aperçu. Nous nous arrêtons devant la porte "Salle A".

  Nous entrons, et mon sang se glace d'effroi. Dans la pièce totalement blanche se tient une table d'opérations, elle-même armée de sangles pour maintenir le "patient" immobile.

  — Allonge-toi.

  — Non !

  Avec une force inattendue, elle me saisit le poignet et me force à m'allonger. Est-ce ça que les jumelles ont vécu ? Était-ce dans cette même salle ? J'en ai bien peur. En un coup sec, les sangles se referment sur mes poignets et mes chevilles. 

  Elle l'injecte ce que j'identifie  comme un calmant, puis mes paupières deviennent de plus en plus lourdes. Merde, fut ma dernière pensée.

 

 

  Mes yeux s'ouvrent en papillonnant. Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Je suis dans un fauteuil blanc, à moitié allongée. Des bribes de souvenir m'assaillent. Ma tentative de fuite... Le garde... Le bureau de Madame Li... La Salle A ! La table d'opérations !

 À ces pensées, je me redresse instantanément, et je prends enfin conscience de l'endroit où je suis. C'est une salle totalement blanche (pour changer), contenant une dizaine de fauteuils et quelques tables basses en plastique blanc. En face de moi, confortablement installée sur un fauteuil, Mme Li m'observe, un bloc-notes à la main, un crayon de bois dans l'autre.

  — Bonjour Eva. Comment te sens-tu ? 

  — Qu'est-ce que vous m'avez fait ?

  Elle soupire et note quelque chose sur son carnet. De ce que je vois, c'est un amas de notes dans tous les sens, avec des traits et des flèches un peu partout.

  — Répond à ma question.

  — Nauséeuse. Que m'avez-vous fait ?

  — La même chose que Nathan, en beaucoup plus... Amélioré. Si tu te blesses, tes blessures se refermeront instantanément.

  Je lui lance un regard blasé, qui signifie à peu près : "Mais bien sûr, mais bien sûr."  

  — Blesse-toi, et tu verras, dit-elle en désignant le scalpel posé sur la table basse nous séparant.

  Sans lui montrer que j'ai peur, je saisis l'arme et entaille mon pouce. Et la coupure... Se referme petit à petit !

  — Wow, je souffle du bout des lèvres. C'est... C'est...

  — Spectaculaire ?

  — Alors c'était pour ça que vous nous avez enfermés ?

  — Pas seulement. J'ai des centaines de produits qui attendent d'être testés.

 

***

 

   Raven (--> Nouveau personnage ! Vous comprendrez qui c'est dans ce passage...)

 

   Je me gare tranquillement sur le parking, arrêtant ma moti pour de bon, après dix minutes de conduite. Je prends mes escarpins dans mon sac et je remplace mes vieilles basket. Ensuite, je me remaquille légèrement à l'aide du rétroviseur, me recoiffe un peu et je me dirige vers la discothèque. 

  Bas', déjà un peu pompet, s'approche de moi.

  — Raven ! T'en a mis du temps !

  — J'étais coincée au bureau.

  Le chef de police m'avait collé toute la paperasse sur le dos, avec le week-end comme prétexte. Dieu, que je le hais, et j'ai bien l'impression que c'est réciproque. Aujourd'hui, ça fait un an que je suis entrée dans la police criminelle. Pour fêter ça, je sors en boîte avec quelques collègues. 

  Bas' me tend une bouteille de guerre, et je suis partie.

 

  Je me réveille dans mon lit, et mon premier réflexe est de regarder l'heure. Merde ! Onze heures et demi. Je sens que le chef ne va pas aimer. J'enfile un jean et une chemise en vitesse, prends un verre de jus de fruits, enfile mon baser et je sors de mon appartement. C'est alors que je vois une vieille publicité trainer dans le couloir. Une pub pour un certain lycée, le lycée Sainte-Marie. Tiens, le lycée demande d'envoyer les enfants en pensionnat pendant... Un an ?! Mais c'est totalement illégal ! Et très louche... Je saisis la publicité et regagne le bureau. Malheureusement pour moi, le chef m'attend dans mon bureau.

  — Vous avez trois heures de retard.

  — Je suis désolée. Mais j'ai quelque chose d'important à vous montrer.

  Je lui tends le fameux prospectus, et il le lit attentivement.

  — En effet, c'est louche. Nous nous en occuperons dans quelques semaines.

  Sur ces mots, il quitte mon bureau. Il veut attendre ? Moi, j'ai le sentiment que je dois agir maintenant. Je fais immédiatement demi-tour et enfourche ma moto. Ce lycée n'est qu'à vingt minutes d'ici, autant l'observer discrètement.

  J'arrive devant des hauts murs et un immense portail noir cadenassé. 

  — On ne dirait pas un lycée...

  Je sens que je vais approfondir cette histoire plus que louche...

 

***

 

Zack

 

 Aargh, quelle garce ! Mme Li nous a eus en beauté. Enfin, surtout Sarah et moi, étant donné que cette peste de Lola admire la directrice. 

  Mais ce n'est pas ça qui me tracasse le plus. Ce qui me désole profondément, c'est le regard de Carla, quand Mme Li m'a appelé, sur l'estrade. Son regard triste, mais pas vraiment surpris. Son regard morne... 

  Je ne sais toujours pas ce qui s'est passé ce soir-là, quand elle est rentrée tard, si... Blessée.

  Je regarde rêveusement à travers la fenêtre, voulant passer le temps. Je suis en tenue d'uniforme, je "garde" le couloir menant aux différentes salles d'opérations. C'est alors que je vois une tête brune s'asseoir sur un banc, hésitante.

  Carla !

  Elle a l'air si... Absente ! Et ses yeux me manquent tellement... J'ai l'impression d'avoir complètement changé en deux semaines. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je n'ai jamais ressenti ça pour toutes les filles avec lesquelles je suis sorti. D'ailleurs, c'est pour cette raison qu'Allick m'en veut. Parce que je suis sorti avec sa meilleure amie, et qu'il a dû "la ramasser à la petite cuillère". Ce qu'il dit.

  J'observe son dos fin, ses magnifiques cheveux bruns. Je... L'aime ? Impossible. Je ne la connais pas. C'est plus de... L'attrait. Mais ce que je sais, c'est que je dois trouver comment lui parler. Je veux qu'elle comprenne. Qu'elle me pardonne...

  Un autre garde, Robert, s'approche de moi et suit mon regard.

  — Tiens, tu t'intéresse à la petite Cara ?

  — Carla.

  — Peu importe. T'as raison. Elle est bien bonne, celle-là.

  Je me retourne vivement vers lui.

  — Qu'est-ce que tu viens de dire ?

  — M'dame Li m'a demandé d'la violer. Et c'est un sacré coup. J'pense que m'dame Li te laissera faire aussi si tu lui demande gentiment.

  D'un coup, une pure rage m'envahit. Mon poing vole de lui-même pour s'écraser sontre le nez affreux du garde.

  — T'es qu'un salaud ! Comment t'as pu faire ça !

  Bordel de merde. Alors c'était ça, ce qui lui est arrivé, l'autre soir... Et moi je n'ai rien vu - c'est à cause de moi si elle est partie. Je continue à frapper Robert, mué par une colère, une haine sans limites. Je le hais. Dieu, que je le hais. Je lui envoie des coups de pieds, des coups de poing. Finalement, c'est Sarah qui nous sépare.

  Sarah est une jolie fille assez gentille, et comme par hasard elle a le don de me calmer... Un peu comme Carla.

  — Zack, bon sang, qu'est-ce qui te prend ! dit-elle en me retenant, tandis qu'un autre garde me retient également, m'empêchant de me jeter sur Robert.

  — Il l'a violée ! Cet enfoiré l'a violée !

  — Mais qui ?

  — Carla ! C'est cette ordure qui lui a fait du mal !

  La dernière chose que je vois c'est Madame Li approchant vers moi, une seringue à la main.

 

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24/08/2014
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