Expériences, tome 1,

Expériences, tome 1,

Chapitre 4 ~ Just My Imagination


Chapitre 4 ~ Just My Imagination

Chapitre 4 ~ Just My Imagination

 

Lundi

Lola

  Pendant le collège, j'ai été rejetée. Les personnes que je croisait se moquaient de moi, des goûts, que ce soit vestimentaires, musicaux, artistiques, il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. 
  Étant toujours seule et fille unique, je me suis plongée dans les études. Je me suis trouvé des affinitées avec les sciences et les mathématiques, j'étais une vraie passionnée. Ma moyenne dans les matières scientifiques n'était jamais en-dessous de 19/20, et encore, je perdais souvent des points avec les fautes d'orthographe.
  Dans les matières littéraires par contre, ma moyenne ne dépassait que rarement 11/20. Or ma mère, écrivain de pure souche, était contre cet avis. Et, à force, contre moi aussi. Mon père était parti avant ma naissance, je n'avais donc aucun soutien quant à mon avenir scientifique.
  C'est alors que j'ai vu une publicité pour le lycée Sainte-Marie. Ce lycée dirigé par une directrice passionnée de matières scientifiques, ce lycée où, justement, étaient privilégiées les matières scientifiques. 

  Mais si je le montrait à ma mère, elle allait refuser. Pourquoi ? Parce que je lui aurai moi-même   proposé. Or cette offre de garder l'enfant pendant un an entier allait véritablement attirer ma mère.   J'ai donc glissé la publicité dans la boite aux lettres, et deux moi après, je faisais ma rentrée dans le lycée Sainte-Marie.

  Je pensais que les personnes étaient comme moi, ici, or je me suis trompée. La plupart des élèves étaient ici parce que leurs parents les y avaient obligés, comme Eva par exemple. Ceux qui ne l'étaient pas étaient, en général, le genre de personnes qui ne me parlaient pas. Je pense surtout à Cara, Nathan, même Carla, bien que cette dernière soit différente. Si elle ne me parle pas, c'est parce qu'elle est timide. Sinon, elle est vraiment très gentille. À l'inverse des autres personnes de la chambre 117, dont tous les professeurs se méfient.
  Sans savoir pourquoi, je sens que cette chambre va avoir de l'importance. Peut-être parce que Madame Li réserve quelque chose d'impressionnant pour les jumelles. Peut-être parce que l'un d'eux est devenu un traitre. Peut-être parce que je sens qu'ils ont tous les six, avec Eva qui va souvent les voir, envie de s'échapper. 
  Madame Li a dans l'idée de faire avancer la science. C'est un beau projet, un projet qui vaut la peine d'être tenté. Elle se fiche complètement de faire du mal aux autres - et moi aussi. Mais grâce à ça, la science progresse, et pratiquement personne n'avait, avant, misnsa vie en danger pour ça.
  Parce que, oui, Madame Li met sa vie en danger. Si elle se fait prendre, s'en est fini d'elle. Et de 'tous les professeurs. Et de moi aussi. Et ça, je ne le permettrai pas.

  Je secoue ma tête pour sortir de mes pensées. M. Lewis me lance un regard ennuyé mais ne dit rien.   Il m'aime bien, ce professeur de sciences. Je suis une très bonne élève, contrairement aux autres.
  Je sens le regard appuyé d'Eva sur moi. Grillée. Si elle découvre que je les trahis, je vivrai un enfer dans la chambre, surtout que j'insiste souvent sur sa haine envers Madame Li.
  Je trouve l'uniforme vraiment joli. Madame Li a raison, ce blanc perle symbolise la pureté, l'innocence et la paix. 
  La cloche retentit, le doux son d'une cloche d'église. Malgré mes penchants scientifiques, j'ai toujours eu foi en dieu et en l'Église.

***

    Nathan

  Je marche les mains dans les poches, dans la cour. Puis je l'aperçois, Carla, sur un banc. Elle rêve, en fixant le mur en béton qui nojs sépare de nos famille. Pour une fois, j'ai le loisir de l'observer. Je note quelques différences avec sa sœur jumelle (vraiment minimes). Son apparence est plus douce, et pour une fois, un petit sourire est affiché sur ses lèvres.
  Je comprends pourquoi Zack est si intéressé par elle à présent. Quand elle ne baisse pas la tête, quand elle ne rougit pas, elle est vraiment très belle, comme sa sœur.
  Je m'assois près d'elle et elle baisse la tête.
 - Pourquoi tu es si timide ?
  D'accord, pas brillant comme entrée en matière. Mais quitte à mettre les pieds dans le plat, autant y aller à fond.
  - Je...
  Son petit filet de voix m'étonne. Il est très différent de celui de sa sœur.
  - C'est comme ça.
  Elle parle si bas que j'ai du mal à l'entendre. Je soupire tandis qu'elle se lève et part. Eva s'assoit à sa place.
  — Alors comme ça tu as réussi à lui soutirer quelques mots ?
  — Une phrase même. Elle n'est pas commode.
  Elle acquièce en silence.
  — J'ai... Nous avons du nouveau.
  — Quoi ?
  — Un autre élève a disparu.
  Je sens l'angoisse me tordre les tripes. J'aurai même envie d'une clope - et pourtant j'ai arrêté. Madame Li me terrorise. Pourquoi enlever des élèves de son propre établissement d'où on ne peut sortir pendant un an ? Trois élèves en tout ont disparu.
  — Il faut qu'on fasse quelque chose !
  — Mais quoi, abruti ?
  — Pourquoi abruti ?
  — J'en sais rien. Alors quoi ?
  — Il faut qu'on s'enfuie !

***

    Carla

  Je rentre dans la chambre 117, où Cara m'accueille avec un grand sourire. Je m'assois sur son lit et j'observe Zack, qui fait ses maths. Mais pour une fois, il ne me lance pas de petit sourire malicieux ou dragueurs, juste un petit coup d'œil gêné. Je sens de la tristesse m'envahir, j'étais plus ou moins tombée amoureuse de lui. Ou du moins, j'avais craqué pour lui, lui et ses yeux gris et ses cheveux en bataille.

  En fait, je ne sais plus trop quoi ressentir. Du soulagement ou du regret ? Il est sûrement lassé. Lassé parce que je suis trop timide... Mais c'est dans mes gênes, je n'y peux rien. Enfin, je n'ai pas envie d'y pouvoir quelque chose.

  Je détourne le regard de celui qui réchauffait un tout petit peu mon cœur, attristée. J'ouvre mes cahiers, en face de ma sœur jumelle, mais je n'arrive pas à me concentrer. Mon regard dérive souvent vers Zack, et Cara le remarque. Elle m'interroge du regard, mais je me lève brusquement et je sors de la pièce en claquant la porte.

***

Allick

  Je suis dans la cour, assis sur un banc. Devant moi, Cara parle avec Manaël, le petit surdoué. Cara me fait de l'effet - vraiment, je veux dire. Elle me fait vraiment de l'effet. Ses magnifiques cheveux blonds cendré, ses yeux bleu-gris. J'aurai pu craquer sur sa sœur jumelle mais... Non. Carla n'est pas... Elle n'a pas le tempérament de feu de Cara, sa désinvolture, sa mise en avant.

  Amoureux ? Non. Mais intéressé... Oui.

  Cara part et Manaël s'assoit à côté de moi. Il me lance un sourire... Malicieux ? Complice ?

  — Tu es amoureux de Cara ?

  — Non, bien sûr que non.

  — Si. 

  — Non.

  — Si. J'ai vu comment tu la regardes.

  Ça me fait drôle, j'oublie souvent que Manaël est surdoué.

  — Non ! Elle me... Plait un peu, c'est tout.

  — Aha, elle te fait de l'effet !

  — Qu'est-ce que je viens de dire ?

  Il ricane. Je lui met un semblant de coup de poing dans l'épaule.

  — Hé, rigole pas !

  Il me lance un regard entendu.

  — Ne me dis pas que toi, morveux, t'as jamais été amoureux !

  — Non. Je suis trop intelligent pour ça, plaisante-il.

  — Aha, aha.

  — Sérieusement. Va lui parler...

  Je l'interroge du regard.

  — Pour lui dire quoi ?

  — Qu'elle te plait. Avec elle, je te conseille d'être direct.

  — C'est qu'il y en a, dans cette petite tête.

  Il hausse les épaules.

  — Bien sûr.

 

***


    Cara

  Carla m'a surprise en réagissant de cette manière. Alors qu'elle s'enfuit en claquant la porte, je fixe Zack du regard.

  — Qu'est-ce qui s'est passé, Zack ?

  — Quoi ? Rien du tout !

  — Arrête. D'habitude, tu lui lances des petits sourires, des regards, et la juste... Juste un regardlassé ! Tu t'intéressais à elle. Tu vas me dire que... C'est passé ? C'est tout ?

  — Tu ne sais rien, Cara.

  — Justement. Alors ?

  — Ça m'étonnerait qu'elle réagisse comme ça à cause de moi.

  — Oh que si. Elle n'arrivait pas à se concentrer sur ses cours, elle te regardait presque tout le temps. Tu es le seul qui aie réussi à passer au travers de sa coquille et à lui faire de l'effet, à part moi et mes parents ! Tu as réussi à la faire craquer !

  Son visage s'emplit d'abord de tristesse, puis se ferme. Il dit froidement :

  — Tu l'as dit tout a l'heure. C'est passé.

  Il part à son tour, bousculant Allick qui venait d'arriver.
Mais il ment. Je sais qu'il ment.

 — Enfoiré, je lache.

  — Qu'est-ce qui s'est passé ? demande Allick.

  Je hausse les épaules. Il comprend que je n'ai pas très envie d'en parler, et s'assoit en face de moi.

  — Je suis content que tu sois seule, j'avais à... Te parler.

  Je me cale dans les oreillers tandis qu'il s'assoit en tailleur. Il est très séduisant, comme ça... Je rougis intérieurement.

  — Et... Qu'est-ce que tu veux me dire ?

  — Voilà, c'est... Je sais pas comment le dire... C'est la première fois que je fais ça...

  — Que tu fais quoi ?

  — En fait... Tu me plais, voilà. 

  Je reste presque bouche-bée. Pendant... Deux bonnes minutes.

  — Hé, réagis, s'il te plait. J'ai vraiment l'air d'un con, là.

  J'essaie de parler sans y parvenir. Au lieu de ça, j'e m'avance lentement vers lui et pose mes lèvres contre les siennes. Sans attendre, il me rend mon baiser, posant ses mains sur ma taille.

  C'est allors que la porte s'ouvre sur Carla, rougissante.

  — Pardon, elle murmure.

  Elle attrappe sa serviette et file dans la salle de bains. Allick me lance un regard amusé, je demande alors :

  — Je peux t'appeler Al ?

  — Tu peux m'appeler comme tu veux.


21/08/2014
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