Expériences, tome 1,

Chapitre 5 ~ Anther Day in Paradoxe

Mercredi

    Carla

  Je ne sais pas pourquoi j'ai réagi comme ça. Après tout, c'est un gars comme les autres, non ? Si. Rien qu'un pauvre gars comme les autres.

  Il fait nuit, mais je sors dehors, ressentant le besoin de me changer les idées. Je ne veux pas rester dans la cour, aux yeux de tous ceux qui pourraient être à leur fenêtre. Je pars m'aventurer derrière le bâtiment, près du terrain de sport. Il fait toujours aussi sombre, et je trébuche sur une branche.

  — Merde, je lance. 

  Je sens comme une présence derrière moi, me faisant frissonner.Mais non, tout le monde dort à cette heure-là... Même la chambre 117, me dis-je tout bas.

  Un craquement retentit derrière moi et une voix croassante résonne :

  — Salut ma belle.

  Je me retourne vivement. Un homme, de la trentaine environ, se tient devant moi. Il est assez maigre et une horrible cicatrice court de son arcade sourcilière jusqu'à son menton. Je ne l'ai jamais vu auparavent, que fait-il ici ? Il est en tenue de garde. Alors Madame Li nous fait vraiment surveiller ?

  Il s'approche en titubant. Ivre. Il est ivre... Dieu seul sait ce qu'il pourrait me faire. Je ne crois pas en Dieu, mais en ce moment je le prie de toutes mes forces, tellement mon angoisse grandit au creux de mon ventre.

  — Qu'est-ce que tu fais ici si tard ?

  Il avance tandis que je recule, mais je me trouve vite arrêtée par l'immense mur qui entoure tout l'établissement. Il s'approche encore et encore, pas à pas.

  — Je... J'avais besoin de prendre l'air... je bafouille maladroitement.

  Il a un sourire carnassier, j'ai envie de hurler de terreur. Il s'approche encore jusqu'à ce que seulement quelques centimètres nous séparent.

  Dieu que j'aimerai que Cara vienne me chercher...

 C'est alors que le garde m'embrasse. Je suis tellement surprise que je ne réagis pas tout de suite, mais finalement je le repousse violemment.

  — Ho ho ho, c'est qu'elle a du caractère la petite. 

  Il se rapproche et plaque mes poignets sur le mur d'une poigne ferme. J'ai tellement l'habitude de ne pas parler qu'aucun son ne sort de ma bouche. Et pourtant, intérieurement, je hurle comme une déterrée.

  L'homme-garde se colle contre moi tandis que je me débats de toutes mes maigres forces. Pourtant il a l'air de ne faire aucun effort. Il plaque encore une fois sa bouche sèche contre la mienne, tandis que des larmes roulent sur mes joues. Il me force à enlever ma robe-uniforme tandis que je pleure, que je suffoque. Il ne prend pas le temps de se déshabiller, ouvrant simplement son pantalon. Cette fois je crie, je me débats encore plus fort. 

  Mais lui, il sourit.

  Il aime ça. 

  Il m'enlève mes sous-vêtements tandis que je hurle de peur, de terreur. 

  Une vaingtaine de minutes après, il me laisse sur l'herbe humide, seule, nue et dévastée. Je tremble de tout mon corps, je pleure, pendant un temps incertain, infini.

  Je finis par me... Reprendre ? Je n'appelle pas ça comme ça. Je me relève tant bien que mal, me rhabillant rapidement, la terreur tétanisant chacun de mes muscles.

***

    Nathan

  Il est tard. Zack, Cara et Allick sont là, mais pas Carla, curieusement. Zack ne cesse de jeter des coups d'œil à la porte, tout comme Cara - ils s'inquiètent, et moi aussi. Je jette un coup d'œil a ma montre : minuit douze. Mais que fait-elle ? A-t-elle disparu, comme les autres ?

  Soudain, la porte s'ouvre sur Carla. Elle a le teint blanc et les yeux rouges. Allick m'a mis au courant de ce qui s'est passé avec Zack, mais ça m'étonnerai que son état soit dû à notre camarade de chambre - cet enfoiré a encore fait des siennes. Non, il s'est passé quelque chose, quelque chose de grave. Elle file directement vers la salle de bain, et je ne peux que voir son visage défait et ses paumes serrées. Cara la suit, et je vois un éclair de panique dans son regard.

  Du coin de l'œil, je vois Zack se prendre la tête entre les mains. Il a complètement craqué pour cette fille, c'est évident. 

  Allick me lance un regard désolé. Même s'il "sort" plus ou moins avec Carla, je sais qu'il commence à avoir de l'affection pour Carla, plutôt comme une petite sœur.

  Le matin du jeudi de la deuxième semaine, je me réveille avec une sensation... Étrange. Le pressentiment que je dois absolument trouver ma sœur, Abby. Je prends une douche rapide et je sors dehors. Abby est forcément dans le bâtiment de Madame Li.

  Arrivé à la porte d'entrée, j'hésite, mais l'amour que je porte à ma sœur est trop intense. J'entre sans bruit, faisant attention à ne pas faire grincer le parquet sous mes pieds. Je suis dans un hall simple, les murs et le sol sont blancs. Cette femme a une aversion pour la couleur. Je m'engage dans un couloir, muni d'une dizaine de portes dans la même couleur que le hall d'entrée. Sur la première porte, il est inscrit : Salle A. J'ai le sentiment qu'Abby est derrière cette porte. J'entre silencieusement, et le spectacle devant moi me terrifie. Abby n'est pas là, et heureusement. C'est une salle entièrement blanche, avec au centre une table d'opérations. Juste à côté, il y a des...   Instruments de chirurgie. Alors c'est ça. MadameLi veut se servir de nous comme cobaye. Il y a un dossier sur la table d'opérations, avec inscrit... Carla Halls. Je ne peux m'empêcher de l'ouvrir.

    Semaine 2, Mercredi.
   Aucune opération effectuée.

  Je soupire de soulagement, mais la suite me glace le sang :

    Terreur insufflée : viol le Mercredi de la deuxième semaine, vers 22 heures.

  Merde. Merde, merde et merde. Voilà pourquoi Carla est rentrée si tard, voilà pourquoi elle avait le visage si défait, elle s'était fait... Violer. Oh mon Dieu. Il faut absolument que je lui en parle, quie je la rassure, que j'en parle à sa sœur.

  Mais je dois d'abord trouver Abby. Je sors, toujours silencieusement, de la salle A, et j'entre dans la salle B. Là, je trouve ma sœur. Elle est attachée à la table d'opérations, elle pleure.

  - Abby ? je murmure.

  Adieu les cheveux teints en bleu, adieu le mascara et les vêtements pimpants. C'est une autre Abby, une Abby maigre et désespérée. J'envoie un SMS à Eva : J'ai retrouvé Abby. Et je sais pourquoi Carla est dans cet état...

  — Abby, c'est toi ?

  Elle ne tourne pas la tête vers moi mais commence à se débattre de ses sangles

  — Non, non, allez-vous-en, non, je ne veux pas !

  — Abby, il faut qu'on y aille !

  — NON ! elle hurle. NON ! LAISSEZ-MOI TRANQUILLE !

  — Abby, c'est moi, Nathan.

  Elle tourne son visage pâle vers moi.

  — Nathan ? dit-elle d'une voix faible.

  — Oui, c'est moi, il faut qu'on y aille !

  — Non, va-t-en, ils vont t'attrapper, fuis Nathan !

  — Pas sans toi.

  Je m'approche d'elle quand une voix retentit derrière moi.

  — Personne n'ira nulle part, grince la voix de Madame Li.

  Je commence à trembler.

  — Suis-moi, Nathan. J'ai prévu beaucoup de choses pour toi.

***

    Allick

  Il est 21 heures. Nous sommes tous assis dans la cour centrale, Cara, Eva, Manaël, Kathleen, Courtney, Zack et moi. Ne manquent que Carla et Nathan. La première parce qu'elle déprime, seule, dans la chambre, sans que nous ne sachions pourquoi, et le deuxième parce qu'il a... Disparu.

  Comme Abby et les deux autres. Il a envoyé un message à Eva : J'ai retrouvé Abby. Et je sais pourquoi Carla est dans cet état...

  Je me demande vraiment ce qu'il a trouvé sur Carla. Un... Dossier ? Des traces de ce qu'il s'est passé ce soir-là ? Cara ne fait que s'inquiéter pour sa sœur, et moi aussi. J'aime bien Carla, comme une petite sœur. 

  — Al ? demande Cara.

  — Oui ?

  — Je vais avec Carla. Tu veux venir ?

  Je hoche la tête et je la suis jusqu'à la chambre 117. Carla est assise sur son lit, devant un cahier de cours qu'elle n'a même pas ouvert. Cara s'assoit en face d'elle tandis que je m'installe aux côtés de Carla.

  — Carla... Dis-nous ce qui s'est passé, demande Cara. Je suis ta sœur jumelle, on se racontait tout avant !

  La jeune dépressive baisse la tête et se renferme dans son mutisme. Je soupire et la prends par les épaules. La même question nous taraude encore une fois : pourquoi ?